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Deenova à La Milesse, leader en France des automates de sécurisation du circuit du médicament pour les hôpitaux

Implantée à La Milesse, la société est spécialisée dans le domaine de la conception de robots de surconditionnement pour les pharmacies des hôpitaux. Elle propose des solutions automatisées modulaires pour la distribution nominative de médicaments.

« Le but de notre activité est de sécuriser le circuit du médicament pour résoudre et réduire le problème d’iatrogénie médicamenteuse, autrement dit les erreurs de dispensation. Le circuit de distribution du médicament part traditionnellement du médecin qui prescrit, au pharmacien qui dispense et pour les hôpitaux à l’infirmier qui administre. Lorsque des erreurs sont repérées sur le circuit, 30 % sont dûes à des erreurs de prescription, 40 % à des erreurs de dispensation et 30 % interviennent lors de l’administration. Notre métier est d’aider le travail du pharmacien qui doit à la fois vérifier la prescription du médecin et préparer les bons médicaments. En apportant nos solutions aux pharmaciens des hôpitaux, nous réduisons les risques d’erreur à la dispensation et à l’administration des médicaments » explique Loïc Bessin, gérant de Deenova La Milesse (ex  Eco-Dex).

Le pharmacien d’hôpital est un maillon de plus en plus important dans la chaîne du médicament. Depuis quelques années, sa tâche est passée de trouver les bonnes boîtes dans les rayons à préparer des doses individuelles pour chaque patient, ce qui revient à multiplier les gestes et à isoler des médicaments pour les remettre en dose unitaire.

« Les traitements préparés peuvent subir des erreurs. L’enjeu de maîtrisé cette iatrogénie est à la fois médical et économique puisque cela peut se traduire par des nuitées supplémentaires ou des aggravations au niveau santé ».

Pour répondre à ce problème de traçabilité des doses unitaires, la société de la Milesse conçoit et fabrique des automates destinés à automatiser la dispensation nominative. « Ça se concrétise avec une machine de 10 m² dans lesquelles sont placés 300 à 350 références de produits sous blister. Nos machines peuvent préparer les traitements pour 350 patients quotidiens ».

 

Historique et évolution

Pour assurer cette mission, 28 personnes travaillent sur le site milessois : 16 personnes sur place et 12 techniciens répartis sur toute la France.

La société créée en 2010 sous le nom Eco-dex a réalisé sa 1ère installation en mars 2013 à Lorient. Depuis, la société a équipé 42 centres hospitaliers dont elle assure la maintenance, dont 10 % concerne des sites à l’export (Koweït, Espagne et Pologne). Passée de 2 salariés en 2010 à 28 en 2022, la société, qui compte depuis 2018 le groupe italien Deenova dans son capital, a fait passer son chiffre d’affaires annuel de 2 millions en 2013 à 6 millions en 2021 et projette d’atteindre la barre des 8 millions pour 2022. Elle agrandit d’ailleurs son équipe et cherche actuellement 4 nouveaux collaborateurs en qualité de :  techniciens de site.

« Nous travaillons essentiellement sur des marchés publics et cela passe par le biais d’appels d’offres. Nous sommes aujourd’hui référencés pour 4 ans dans les deux grandes centrales d’achat qui travaillent avec les hôpitaux publics : RESAH et UNIHA. Il faut savoir que les marchés sur lesquels nous sommes sont très longs et peuvent durer 6 à 8 ans. Nous sommes par exemple en train de déployer en ce moment une machine pour un projet commencé avec le en 2010 et nous prospectons actuellement les hôpitaux qui ont des projets pour 2024 à 2026. Le contexte politico-économique et les changements réguliers de direction dans les hôpitaux sont des variables qui peuvent fortement affecter nos prévisions » explique le dirigeant.

Cela étant, l’entreprise occupe une importante place sur le marché français des pharmacies hospitalières puisqu’elle occupe 70 % de celui-ci face à ses 2 autres concurrents européens. « Notre spécificité est de proposer des machines capables de traiter en doses unitaires sous blister, ce que certains ne font pas. Cela évite les risques de contaminations croisées et les problèmes des produits qui ne tiennent pas au contact de l’air ».

 

Des développements de marché à l’étude

Si le marché des hôpitaux publics est bien occupé par la société milessoise, celui des cliniques n’est aujourd’hui peu ou pas traité « Le privé n’est pas structuré comme les hôpitaux et notre produit est aujourd’hui surdimensionné pour les cliniques ». Nous regardons plutôt le marché des pharmacies de ville qui préparent déjà les doses de médicaments destinées aux résidents de certains ehpads ou pour des personnes âgées maintenues à domicile. Aujourd’hui la France compte 600 000 lits occupés dans les ehpads et ce nombre devrait croitre avec les besoins, permettant ainsi de réduire les tarifs pratiqués. Les pharmacies de ville seront de plus en plus sollicitées pour préparer et livrer ces ehpads. Notre expertise pourrait faciliter leur travail tout en maîtrisant les risques d’erreur.

Autres vœux de la société : proposer un produit qui évite le gâchis de médicaments. « Aujourd’hui un industriel réfléchit ses packagings et ses produits par multiple de 7 (semaine). Ce qui signifie qu’entre le médecin qui prescrit un traitement sur quelques jours, le patient aura un solde non utilisé de médicaments, qu’il aura pourtant payé, lui ou son assurance maladie. Il y a donc un enjeu économique fort à éviter ce gâchis en permettant aux pharmaciens de ne délivrer que le nombre exact prescrit par le médecin.   Nous avons présenté une de nos solutions pour les pharmacies de ville lors du salon Pharmagora à Paris. La solution est présente mais le chemin est encore très long pour que les pharmacies de ville puissent y accéder » confie Loïc Bessin.