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IA : quel impact pour les entreprises ?

En marge du Sommet de l'intelligence artificielle à Paris, Le Mans Attractivité s’entretient avec Pierre Cartier, fondateur de Plaiades, sur l’intelligence artificielle (IA).

Accompagné par Le Mans Innovation, Pierre Cartier participe activement à l’essor de nouvelles technologies sur le territoire. Sensibilisation, acculturation, accompagnement, audit, conseil stratégie et même services techniques, avec son projet Plaiades, il met ses connaissances et son savoir-faire au service des entreprises.

Quel impact peut avoir l’IA sur l’économie ?

PC : Les experts tendent à dire que L’IA transforme progressivement tous les secteurs d’activité, tous les travaux, tous les métiers. Et je suis d’accord : c’est un outil qui peut être très performant quand il est utilisé par des professionnels formés à son usage, complétant leurs compétences. Dans la pratique, l’IA optimise de nombreuses tâches : gestion des e-mails, rédaction de comptes-rendus, automatisation de devis… à chaque métier de définir son propre cas d’usage pour en tirer profit.

Une entreprise qui intègre l’IA devient plus performante. Ne pas s’y intéresser, c’est prendre un retard concurrentiel.

Voyez-vous une adoption croissante de l’IA par les entreprises locales ?
Quels freins persistent encore ?

PC : Oui, notamment à travers des solutions comme des chatbots d’assistance numérique, qui permettent de répondre à des questions simples. Certains de mes clients s’y intéressent notamment pour la rédaction de compte rendu, une gestion intelligente des mails ou l’implémentation d’un chatbot. Malgré ces avancées, les petites entreprises hésitent encore à franchir le pas. Le manque de formation et d’accompagnement est un frein majeur.

Quels sont les principaux domaines d’application de l’IA pour les entreprises aujourd’hui ?

PC : L’IA est pertinente dès lors qu’elle génère un gain tangible et significatif. Il faut qu’il y ait un ROI intéressant pour se lancer… Ce peut être une heure gagnée par semaine pour chaque collaborateur. Il faut aussi comprendre que les solutions standards (OpenAI, Mistral…) ne sont pas toujours adaptées aux besoins des PME. Une solution sur-mesure peut être préférable. Un audit est donc essentiel pour définir des besoins spécifiques.

Mais tout type d’entreprise peut en avoir besoin, même très artisanale… ne serait-ce que pour se libérer du temps sur les tâches qui le peuvent et se concentrer sur son métier.

Quelles étapes suivre pour une entreprise qui souhaite se lancer ?

PC : Première étape essentielle selon moi : une sensibilisation de 1 à 2 heures pour comprendre les enjeux (protection des données, limites de l’IA…). Des webinaires gratuits existent et ce n’est pas très onéreux lorsque l’on décide de passer par une solution payante. L’IA est un outil incontournable, autant en comprendre les avantages, sans fermer les yeux sur les écueils.

Ensuite, il faut faire un diagnostic interne pour identifier les processus automatisables et évaluer leur pertinence.

Enfin, lorsqu’on parle de mettre en place cet outil on s’engage dans un cycle d’innovation. L’approche doit être agile, avec des tests progressifs.

Quelles sont les idées fausses que vous rencontrez le plus souvent ?

PC : L’IA qui prend le pouvoir, c’est de la science-fiction. Elle répond systématiquement à une demande humaine.

En revanche, l’interdiction de l’IA en entreprise par crainte des fuites de données est compréhensible. Nous sommes dans une économie où les données brutes ont une valeur stratégique. A chaque fois que l’on saisit des données dans des solutions non soumises au RGPD, on ne sait pas vraiment à qui elles sont cédées et comment elles sont utilisées.

Pour préserver la confidentialité, l’idéal est d’internaliser son système d’IA en circuit fermé. Amazon, par exemple, a vite interdit ChatGPT et développé son propre modèle interne. On peut aussi utiliser des IA plus vertueuses. L’open source est un levier stratégique pour la souveraineté et la sécurité des données. Internaliser un outil IA permet de mieux le contrôler et l’adapter.

Quels conseils donneriez-vous aux dirigeants qui hésitent encore ?

PC : Outre la phase de sensibilisation dont je parlais tout à l’heure, je dirais d’échanger avec des pairs, des clients, des fournisseurs (en clubs d’entreprises par exemple) pour bénéficier de leur retour d’expérience et se rassurer.

L’accélération des processus va créer de la valeur. Mais à qui profitera-t-elle ?

PC : Comme toute nouvelle industrie, L’IA est très consommatrice de ressources énergétiques, tant dans sa phase d’entraînement qu’à l’usage. Avec le temps, elle va devoir devenir moins gourmande. La recherche travaille sur des modèles plus sobres énergétiquement : les petits modèles de langages. Ces « Small Language Models » (SLM) plus basiques deviennent plus performants en se connectant à nos bases de données, avec une empreinte carbone réduite. C’est une piste…

Comment bien rédiger un prompt pour obtenir des résultats pertinents ?

PC : s’adresser à l’IA comme à un stagiaire :

  • Expliquer le problème en détail
  • Le décomposer en étapes
  • Fournir le maximum de contexte
  • Être explicite
  • Toujours vérifier et tester les résultats.

Ensuite il, faut savoir qu’il existe plusieurs types de modèles d’IA : gestion des connaissances, recherche web ou calculs mathématiques… Une réponse basée sur la base de connaissances fixe de l’IA ne peut pas aller au-delà de son entraînement initial. Il est donc essentiel de préciser lorsqu’on souhaite une recherche en ligne, par exemple en demandant explicitement : « Effectue une recherche sur Internet et trouve [sujet recherché] ».

Et pour finir : Lechat ou Chatgpt ?

PC : Lechat c’est évident ! la dernière mise à jour est vraiment de qualité. C’est une IA européenne qui respecte le RGPD et qui se branche sur des données fact checkées.

Rencontrez Pierre Cartier aux 24H du Codes qui auront lieu le 22 mars à 15h pour une conférence publique et gratuite : « L’IA : vers une utilisation intelligente et responsable ! » . Une occasion de démystifier cette technologie et de la rendre accessible à tous.
Lien vers l’événement

Se former

L’Université du Mans propose un Master informatique qui offre une solide formation en Intelligence Artificielle (IA) et en développement d’applications aux étudiants qui souhaitent se spécialiser dans les techniques avancées de la modélisation, et l’ingénierie des systèmes intelligents et d’aide à la décision.

En savoir plus :
Le Mans Université

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